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Le temps des grands écarts

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Profits américains : ils sont repartis, et nettement, dans les entreprises. Quand on baisse les taux d’intérêt, les salaires et le dollar, il est assez normal que le compte d’exploitation en bénéficie. Cette fois, on voit que c’est le non financier qui remonte la pente, après les banques et la finance, à la fois par la satisfaction de la demande interne et par l’exportation. Les entreprises profitent de cette situation pour émettre davantage sur les marchés, pour plus long, et les IPO battent leur plein. Les ménages continuent de se désendetter, les entreprises commencent à se ré-endetter et c’est surtout l’Etat qui continue à le faire. Au total, il y a moins de dette privée par rapport au PIB américain, mais plus de dette publique : c’est là le problème. Un problème de grand écart naît aux Etats-Unis, entre la dette privée et la dette publique. Un grand écart que la Fed ne peut résoudre.

Inflation : elle décélère beaucoup en zone euro, à tel point que la pression monte pour que la BCE… baisse ses taux. De fait, l’inflation est au plus bas, vers 1 % pour la zone euro, notamment dans les pays du Sud. Des interrogations montent sur une crise déflationniste, autrement dit sur le renchérissement de la dette en termes réels. L’inverse de ce qu’il faut. Pour en sortir, certains rêvent toujours d’une BCE à l’américaine, qui achèterait des bons du Trésor pour faire baisser les taux longs, ou bien d’une BCE à l’anglaise, qui ferait plus encore que la Fed, mais sans jamais trop le dire, ou enfin d’une BCE à la japonaise, avec une BCE qui en ferait bien plus que la banque américaine, mais en le claironnant.

Mais la BCE est la BCE. Elle est préoccupée par une croissance faible et par des banques fragiles, avec des PME qui vont mieux au Sud, parce qu’elles ont baissé leurs salaires. Ce qui est « bon » pour les profits, et la reprise par l’export diminue évidemment la demande interne et donc aussi l’inflation. Au fond, la désinflation en zone euro part des PME.

Un problème de grand écart naît ici, en zone euro. Un grand écart que la politique monétaire ne peut régler par la baisse des taux, mais par des soutiens aux banques qui financent les PME. Au moment où on les surveille plus et leur demande plus de fonds propres, un LTRO spécial serait à étudier. Autrement, l’écart des conditions de  financement va se creuser.

France : l’indice PMI Manufacturier Markit atteint 49,1 en octobre contre 49,8 en septembre, ce qui est néanmoins au-dessus du consensus qui s’établissait à 49,4 ! Ce chiffre signifie que l’activité manufacturière poursuit son repli en France, puisque l’indice est au-dessous de 50, et voilà 20 mois que cela dure. En même temps, on voit des indicateurs de reprise au Sud. Encore quelques mois et on verra que l’Allemagne conserve son excédent de balance des paiements autour de 5 % du PIB, tandis que les pays du Sud atteindront l’équilibre (Portugal et Grèce) ou seront en excédent de 2 à 3 % de PIB (Italie et plus encore Espagne). Voilà pourquoi la zone euro sort de récession par l’export, voilà pourquoi la France reste en difficulté : parce que les gains de parts de marché sont faits au Sud grâce à la baisse des coûts salariaux. Le jeu est à somme faiblement positive, et la France n’y gagne pas. Le grand écart, c’est que la France est le seul pays à ne pas renouer avec la croissance par la compétitivité d’innovation et à souffrir des avancées des autres, qui baissent leurs coûts salariaux. Elle est prise en tenaille et une hausse de la fiscalité n’est pas la meilleure des politiques. On l’a vu. 


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